Ali Khamenei : Qui est le Guide suprême de la République islamique d’Iran ?
Depuis le début du conflit Israël-Iran en juin 2025, Ali Khamenei est personnellement visé par les menaces d’Israël et des États-Unis. Benjamin Netanyahou l’a qualifié de « Hitler moderne », affirmant que sa mort mettrait fin au conflit. Donald Trump a également menacé l’Iran d’une intervention militaire, à laquelle Ali Khamenei a répondu par des avertissements de « conséquences irréparables » pour les États-Unis. Ali Khamenei est l’une des figures les plus influentes et controversées du Moyen-Orient contemporain. À la tête de l’Iran depuis plus de trois décennies, il incarne à la fois l’autorité religieuse suprême et le pouvoir politique ultime du pays, façonnant la politique intérieure et extérieure de la République islamique dans un contexte de tensions régionales et internationales exacerbées…
Origines et ascension
Né le 19 avril 1939 à Machhad, dans le nord-est de l’Iran, Ali Khamenei est issu d’une famille religieuse chiite, deuxième de huit enfants. Très tôt, il s’engage dans l’opposition au régime du Shah Mohammad Reza Pahlavi, participant activement au mouvement révolutionnaire de 1979 qui aboutit à la chute du monarque et à la naissance de la République islamique. Il est arrêté à six reprises et exilé pendant trois ans sous le régime du Shah.
Après la révolution, Ali Khamenei occupe plusieurs postes clés dans le nouveau régime, dont celui de président de la République islamique de 1981 à 1989, devenant le premier ayatollah à accéder à cette fonction. Il survit à un attentat qui le laisse partiellement paralysé du bras droit. À la mort de l’ayatollah Khomeini en 1989, il est désigné Guide suprême, le plus haut poste de la hiérarchie politique et religieuse iranienne, qu’il occupe toujours aujourd’hui à l’âge de 86 ans.
Pouvoir et rôle central
En tant que Guide suprême, Ali Khamenei détient un pouvoir considérable sur l’ensemble des institutions iraniennes, y compris sur le président élu et le Parlement. Il contrôle les principales orientations politiques, la justice, les forces armées, les médias d’État et la politique étrangère, disposant d’une équipe dédiée indépendante de celle du gouvernement.
Son autorité s’étend également à des réseaux économiques puissants, notamment via l’empire « Setad », un conglomérat opaque initialement destiné créée autrefois pour aider les personnes dans le besoin, mais devenu un acteur majeur de l’économie iranienne, pesant jusqu’à 60 % du PIB selon certaines estimations. Ali Khamenei serait personnellement à la tête d’une fortune estimée à 95 milliards de dollars en 2013.
Politique intérieure : Gérontocratie
Sous son règne, l’Iran s’est transformé en une « gérontocratie » selon de nombreux analystes, avec une élite dirigeante vieillissante alors que la population iranienne est majoritairement jeune (âge moyen de 33 ans). Ali Khamenei a poursuivi une politique autoritaire, limitant les droits civiques et politiques, notamment ceux des femmes. Il a également renforcé le rôle des Gardiens de la Révolution (IRGC), qui sont devenus un pilier du régime et un acteur économique central.
Politique étrangère : hostilité assumée envers l’Occident et Israël
Ali Khamenei est le principal architecte de la politique étrangère iranienne. Il considère les États-Unis comme « l’ennemi numéro 1 » de l’Iran et qualifie Israël de « tumeur cancéreuse », appelant régulièrement à sa disparition. Il a soutenu activement les milices chiites à travers la région (Hezbollah au Liban, milices en Irak, Syrie, Yémen, etc.) pour constituer une « ligne de défense » extérieure et étendre l’influence iranienne.
Vie privée et images
Marié à Mansoureh Khojasteh Bagherzadeh, Ali Khamenei est père de six enfants. Sa vie privée reste très discrète et il apparaît rarement en public en dehors des discours officiels. Selon certaines sources, il se cacherait actuellement avec sa famille dans un bunker, par crainte d’une attaque israélienne.
Succession et avenir du régime
La question de la succession de Ali Khamenei est cruciale pour l’avenir de l’Iran. À 86 ans, son état de santé et la stabilité du régime sont scrutés de près, alors que les tensions internes et externes s’intensifient. Plusieurs scénarios sont envisagés, mais aucun successeur ne s’impose clairement à ce jour.
Ali Khamenei demeure, après 36 ans à la tête de l’Iran, une figure incontournable et controversée, symbole d’un régime à la fois puissant et contesté, dont l’avenir dépendra largement de sa succession et de l’évolution des rapports de force au Moyen-Orient. Son héritage est marqué par une centralisation extrême du pouvoir, une politique étrangère agressive et une société iranienne en quête de changement face à un pouvoir vieillissant et autoritaire…
Principales influences religieuses et politiques d’Ali Khamenei en Iran
Influences religieuses
Ali Khamenei est profondément ancré dans la tradition chiite duodécimaine, ayant suivi des études religieuses rigoureuses en Irak et surtout au séminaire de Qom, ville d’Iran où il a été formé par des figures majeures comme l’ayatollah Hossein Tabatabai Borujerdi et surtout Khomeini, le fondateur de la République islamique d’Iran.
L’influence de l’ayatollah Khomeini sur Ali Khamenei est décisive, notamment dans la conception du pouvoir religieux et politique fondé sur le principe du Velayat-e faqih qui confère au Guide suprême une autorité religieuse et politique suprême. Ali Khamenei adhère pleinement à cette idéologie révolutionnaire chiite, qui combine un rigorisme religieux avec une vocation politique radicale, rejetant la modernisation occidentale jugée incompatible avec l’islam authentique.
Ali Khamenei a aussi été marqué par des courants fondamentalistes chiites, comme le groupe Fadayan-e Islam, et par des penseurs islamistes sunnites comme Sayyid Qutb, dont il a traduit un ouvrage en persan, soulignant la nécessité pour l’islam de moderniser son message tout en restant révolutionnaire. Il a ainsi renforcé son autorité politique et sécuritaire pour asseoir son pouvoir.
Politiquement, Ali Khamenei incarne le courant ultra-conservateur, qui défend la préservation des « principes » de la révolution islamique, notamment la souveraineté religieuse et la résistance à l’influence occidentale. Ce courant rejette les réformes libérales et toute ouverture susceptible de menacer le régime théocratique.
En tant que Guide suprême depuis 1989, Khamenei détient un pouvoir centralisé sur toutes les branches du gouvernement iranien, y compris l’armée, les Gardiens de la Révolution, le système judiciaire, les médias et l’appareil sécuritaire. Il s’appuie particulièrement sur les Gardiens de la Révolution et les bassidjis chargés de la sécurité intérieure et extérieure de l'Iran, des forces paramilitaires et religieuses, pour contrôler la société et éliminer toute dissidence…