Iran : Un nouveau site nucléaire, la montagne de Kuh-e Kolang Gaz ?
Situation des installations nucléaires iraniennes après les frappes américaines
Destruction partielle et débat sur l’efficacité
Dans la nuit du 21 au 22 juin 2025, les États-Unis ont mené une opération d’envergure contre trois des principaux sites nucléaires iraniens : Fordo, Natanz et Ispahan. Cette attaque, soutenue par Israël, visait à neutraliser la capacité de l’Iran à enrichir de l’uranium à des niveaux susceptibles de permettre la fabrication d’une arme nucléaire…
Les frappes ont mobilisé plus de 125 avions, dont des bombardiers furtifs B-2, et utilisé des bombes anti-bunker GBU-57 capables de pénétrer jusqu’à 60 mètres de profondeur. Le président américain, Donald Trump, a affirmé que ces frappes avaient « complètement détruit » les capacités nucléaires iraniennes, assurant que le programme nucléaire de Téhéran était désormais « retardé de plusieurs décennies ». Cette version est soutenue par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a parlé d’une « victoire historique ».
Rapports contradictoires et doutes persistants
Cependant, la réalité sur le terrain semble plus nuancée. Une source israélienne a néanmoins relativisé l'étendue des dommages infligés au site d'enrichissement d'uranium notamment de Fordo. Et un rapport confidentiel du Pentagone, relayé par plusieurs médias américains, indique que les frappes ont certes endommagé des composants essentiels, mais n’ont pas détruit l’ensemble des infrastructures. Les bombardements auraient principalement scellé les entrées de certaines installations sans anéantir les bâtiments souterrains, où se trouvent les centrifugeuses et une partie des stocks d’uranium enrichi. « Des composants essentiels de l’effort nucléaire de Téhéran ont été endommagés, mais pas détruits par les frappes aériennes américaines sur trois installations clés, selon trois personnes au courant d’une évaluation initiale de l’Agence de renseignement de la défense », indique le Washington Post.
Selon l'une des sources citées, plusieurs centrifugeuses iraniennes servant à l'enrichissement d'uranium à des fins potentiellement militaires demeurent opérationnelles. D'après CNN, l'analyse de la DIA (Defense Intelligence Agency) indique aussi que les actions américaines n'ont permis de ralentir le programme nucléaire iranien que de quelques mois tout au plus.
D'après ce document de renseignement américain confidentiel et préliminaire, dont les détails ont été rapportés par des sources informées à CNN et au New York Times, les attaques contre les sites de Fordo, Natanz et Ispahan n'auraient pas ainsi réussi à détruire les centrifugeuses iraniennes ni les réserves d'uranium enrichi. Selon Ali Shamkhani, conseiller du guide suprême iranien, l'Iran continue de détenir des réserves d'uranium enrichi, comme il l'a déclaré sur X.
Les bombardements auraient donc principalement obstrué les accès à deux de ces installations sans parvenir à endommager les structures souterraines. Ces informations suggèrent que les opérations n'auraient fait que reporter de quelques mois le développement du programme nucléaire iranien, sans l'interrompre définitivement.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) souligne qu’il est actuellement impossible de dresser un bilan précis des dégâts, notamment parce que l’Iran pourrait avoir déplacé une partie de son uranium enrichi avant les frappes. Téhéran affirme d’ailleurs conserver ses stocks et dément toute volonté de se doter de l’arme atomique, insistant sur le caractère civil de son programme.
Possibilité d’un autre site nucléaire à Kuh-e Kolang Gaz
Face à la vulnérabilité des sites connus et déjà attaqués, l’attention se porte désormais sur d’éventuelles installations secrètes. Plusieurs sources évoquent la montagne de Kuh-e Kolang Gaz, près de l'usine de Natanz (centre de l’Iran), comme un site potentiel pour un nouveau complexe nucléaire souterrain. Selon les informations de la presse, ce massif montagneux, situé à environ 100 kilomètres au sud de Natanz, présente des caractéristiques géologiques idéales pour abriter des infrastructures sensibles à l’abri des frappes aériennes. Des images satellites récentes ont montré des activités de terrassement et de creusement de tunnels dans la région, suggérant la possible construction d’un site souterrain d’enrichissement de l’uranium, comparable à celui de Fordo. Des experts confirment que Kuh-e Kolang Gaz pourrait devenir un « sanctuaire invulnérable » du programme nucléaire iranien, les montagnes offrant une protection naturelle contre les bombes anti-bunker utilisées par les États-Unis.
Un défi pour la communauté internationale
Si l’existence d’un nouveau site à Kuh-e Kolang Gaz n’est pas officiellement confirmée, la perspective inquiète les agences occidentales de renseignement et l’AIEA. Cette dernière réclame pour sa part un accès total aux installations iraniennes. L’Iran a déjà prouvé sa capacité à dissimuler des activités nucléaires, et la construction d’un tel site compliquerait considérablement toute tentative de contrôle ou de destruction future.
Kuh-e Kolang Gaz : Un site nucléaire potentiellement invulnérable selon certains experts
Le site de Kuh-e Kolang Gaz (ou « Montagne de la Pioche »), représenterait un site majeur pour abriter un complexe nucléaire iranien souterrain, conçu pour résister aux frappes militaires. Son invulnérabilité potentielle repose sur plusieurs facteurs clés.
Enterré sous une montagne culminant à 1 600 mètres d'altitude, le site serait situé à une profondeur bien supérieure à celle de Fordo (déjà réputé auparavant pour sa résistance). Cette configuration géologique offre une protection naturelle contre les bombes anti-bunker conventionnelles, y compris la GBU-57 américaine utilisée lors des récentes frappes.
Des images satellites révèlent au moins quatre entrées de tunnel (deux à l'est, deux à l'ouest), contre seulement deux pour Fordo. Cette multiplicité d'accès complique considérablement toute tentative de fermeture ou de destruction par bombardement. L'Iran construirait un dispositif défensif sophistiqué autour de la zone, incluant des murs anti-éclats et des routes de surveillance encerclant le sommet de la montagne.
Selon l’Institut pour la Science et la Sécurité internationale (ISIS), un organisme basé aux États-Unis spécialisé dans la prolifération nucléaire, le site pourrait accueillir des centrifugeuses modernes permettant de produire suffisamment d'uranium hautement enrichi (à + de 60%) pour 19 armes nucléaires en trois mois. Des experts soupçonnent que l'Iran aurait déjà déplacé une partie de son uranium enrichi dans ses installations de Fordo vers Kuh-e Kolang Gaz, avant les frappes américaines, exploitant l'opacité du site.
Bien que situé à environ 100 km au sud de Natanz, sa construction dans une zone montagneuse isolée limite les risques de détection. L'Iran n'a jamais officiellement confirmé son existence à l'AIEA, invoquant des questions de « souveraineté nationale ». La profondeur du site (estimée par l'analyse des déblais de terrassement) le rendrait invulnérable même aux armes les plus puissantes. Une simulation de l'ISIS indique également que les bombes actuelles ne pourraient y causer que des dégâts superficiels.
David Albright, l’actuel président de l’Institut pour la Science et la Sécurité internationale (ISIS) estime que le site pourrait devenir « opérationnel rapidement », réduisant à quelques mois le délai nécessaire à l'Iran pour relancer son programme d'enrichissement malgré les frappes récentes.
Le site de Kuh-e Kolang Gaz incarne la stratégie iranienne de dispersion et de fortification de ses infrastructures nucléaires. Sa conception profondément enterrée, couplée à un déni plausible vis-à-vis de la communauté internationale, en fait un sanctuaire potentiellement invulnérable qui pourrait perpétuer les ambitions nucléaires de Téhéran malgré les pressions militaires…
Les frappes américaines durant la nuit du 21 au 22 juin 2025 auraient infligé des dégâts significatifs aux principales installations nucléaires iraniennes, mais n’auraient pas totalement anéanti la capacité de l’Iran à pouvoir enrichir de l’uranium. Le programme nucléaire serait ralenti, mais non stoppé. L’émergence probable d’un nouveau site souterrain à Kuh-e Kolang Gaz, non touché par les frappes, illustrerait la résilience et la capacité d’adaptation du programme nucléaire iranien face aux pressions extérieures. La communauté internationale reste donc en alerte, consciente que la question nucléaire iranienne demeure loin d’être résolue…