Louis Sarkozy sera-t-il candidat à Menton dans les Alpes-Maritimes ?
À Menton (Alpes-Maritimes), l'instabilité politique persiste avec un maire fragilisé par des démêlés judiciaires ainsi que l'éventualité d'une candidature inattendue de Louis Sarkozy et la défection d'élus de la majorité municipale en prévision des prochaines échéances électorales… Depuis plusieurs semaines, la commune de 30.000 habitants à la frontière italienne, bruisse d’une rumeur persistante : Louis Sarkozy, fils cadet de l’ancien président de la République et de Cécilia Attias, envisagerait de se lancer dans la course aux municipales de 2026. Des indiscrétions qui prennent peut-être forme avec l’inscription de Louis Sarkozy sur les listes électorales de la station balnéaire. Entre déclarations ambiguës, installation locale et crispations politiques, retour sur une candidature qui intrigue autant qu’elle divise…
Un nouvel électeur au nom célèbre
L’information a été confirmée : Louis Sarkozy est désormais inscrit sur les listes électorales de Menton et affirme vivre « à plein temps » dans la station balnéaire, tout en poursuivant ses activités de chroniqueur sur LCI et, prochainement, sur la matinale de RMC. L’achat récent d’un appartement dans la commune, dévoilé par plusieurs médias, a renforcé la crédibilité de ses intentions politiques.
Une candidature encore floue, mais jamais démentie
Interrogé à de multiples reprises, Louis Sarkozy entretient le flou : « Je ne suis candidat nulle part, mais je ne peux pas dire que je ne m’intéresse pas à la politique de la région, et notamment à Menton », confiait-il récemment à la presse. Il précise : de ne pas « exclure » l’hypothèse de sa candidature. « Je (ne) peux pas vous dire oui, je (ne) peux pas vous dire non »… « La décision n’est pas prise encore ». Il ajoute que la seule chose qui compte pour lui actuellement est la promotion de son dernier livre « Napoléon Bonaparte : l'Empire des livres » (édition Passés composés), tout en reconnaissant que la menace d’une victoire du Rassemblement national (RN) pourrait le motiver à franchir le pas. « Si c'est la ville, ce sera la région et si c'est la région, on est parti pour 30 ans », a averti Louis Sarkozy, tout en contestant l'idée d'un « cordon sanitaire ». Même s’il n’est pas officiellement déclaré candidat, il s’est avancé sur cette hypothèse au micro de BFM Nice Côte d’Azur. « Maintenant que j’y vis, ce serait impensable que je ne m’implique pas dans la vie politique locale ».
Un contexte politique local sous tension
La situation politique à Menton est particulièrement volatile. Le maire sortant, Yves Juhel (divers droite, proche LR), âgé de 84 ans, fait l’objet de critiques sur son bilan. Il fait aussi l'objet d'un contrôle judiciaire et devra comparaître le 17 octobre prochain devant le tribunal correctionnel de Marseille dans le cadre de l'affaire sensible concernant la gestion portuaire municipale. Le maire est mis en cause pour « détournement de fonds publics » aux côtés de Mathieu Messina, ancien proche collaborateur devenu dirigeant de la société publique locale gestionnaire des ports. Environ 700 000 euros de dépenses suscitent des interrogations et auraient potentiellement pu être utilisés pour rembourser les frais de campagne d'Yves Juhel.
Yves Juhel laisse la porte ouverte une alliance avec Louis Sarkozy pour faire barrage à l’extrême droite. Il prône un rassemblement de la droite républicaine et du centre le plus large possible sur Menton pour faire échec au Rassemblement national (RN).
De son côté, la députée RN Alexandra Masson, réélue dès le premier tour avec 55,6% des voix à Menton lors des législatives de 2024 et présidente de la fédération RN des Alpes-Maritimes, laisse planer le doute sur sa propre candidature à la mairie, mais plusieurs élus locaux estiment qu’elle veut partir à la conquête de la ville pour les municipales de 2026. Une candidature qui place la ville au cœur d’un affrontement potentiel entre droite traditionnelle, extrême droite et nouvelle figure issue de la sphère nationale.
Une stratégie d’observation et de communication
Louis Sarkozy, 28 ans, cultive une image de « non-politicard » et se dit déjà impliqué dans le débat public par ses tribunes et interventions médiatiques. Sa présence accrue à Menton, lors de la Semaine du libraire (13-17 mai) où il a assuré la promotion de son ouvrage sur Napoléon, a été remarquée et alimente les spéculations sur sa volonté de s’implanter durablement. Plus de cent personnes ont ainsi assisté en matinée à la séance de dédicaces de son ouvrage consacré à l'épopée napoléonienne vue à travers les lectures et les écrits de Bonaparte, tandis que sa conférence de l'après-midi sur cette thématique a attiré un public nombreux qui a rempli entièrement l'auditorium.
Réactions contrastées chez les élus locaux
Si certains voient en lui un « garçon jeune, brillant, qui a du talent » selon les mots du maire Yves Juhel, d’autres élus de droite restent sceptiques, voire hostiles à l’idée de voir un « parachuté » s’emparer de la mairie. Le spectre d’une division de la droite au profit du RN inquiète néanmoins une partie de la majorité municipale, qui pourrait être tentée par un ralliement de circonstance.
Douze conseillers municipaux, dont neuf issus de l'ancienne majorité, ont créé un nouveau groupe politique au sein du conseil municipal de Menton. Ce regroupement est dirigé par Florent Champion, jeune adjoint chargé des Finances et candidat officiel aux prochaines élections municipales. Le 16 mai dernier, ce trentenaire, originaire de Menton, élu depuis ses 21 ans et diplômé de Sciences Po, avait fait connaître sa candidature à la fonction de maire, aux côtés de Patrice Novelli, actuel premier adjoint. Cette initiative marque une rupture plus nette avec le maire sortant, qui se trouve désormais isolé et privé de majorité au conseil municipal.
Nombre d’élus vous ont exprimé qu’ils étaient désabusés», a déclaré Florent Champion au maire Yves Juhel au début du dernier conseil municipal. «Nous ne souhaitons pas ajouter de l’instabilité au désordre», a-t-il cependant affirmé, expliquant que son groupe procéderait désormais à un vote «texte par texte» en attendant de clore le chapitre Yves Juhel avec les élections de mars 2026. Le maire actuel poursuit donc son mandat dans une position considérablement fragilisée.
Un calendrier encore incertain
Pour l’heure, Louis Sarkozy joue la montre. Il laisse entendre que la décision sera prise dans les prochains mois, en fonction de l’évolution du contexte local et national. Mais sa récente inscription sur les listes électorales, le lundi 1er juillet 2025, son investissement médiatique et son discours anti-RN laissent peu de doute sur la réalité de ses ambitions municipales. À moins d’un an du scrutin, Menton pourrait ainsi devenir le théâtre d’une bataille politique inédite, où le nom Sarkozy, loin de garantir l’unanimité, cristallise autant d’espoirs que de résistances.
Autour de la possible candidature de Louis Sarkozy à Menton, le paysage politique local se structure déjà entre soutiens prudents, oppositions fermes et jeux d’alliances potentiels.
Soutiens et ouvertures :
Yves Juhel, maire actuel (divers droite), n’exclut pas une alliance avec Louis Sarkozy. Il a rencontré le jeune essayiste et dit partager avec lui des sujets de convergence. Le 15 mai, Louis Sarkozy s'est déplacé à l'hôtel de ville de Menton pour rencontrer le maire Yves Juhel, préalablement à une session de signatures de son ouvrage. A ce stade « toutes les hypothèses sont à l'étude pour choisir ensemble la meilleure» selon Yves Juhel. Il insiste notamment sur la nécessité de rassembler la droite républicaine et le centre pour faire barrage à l’extrême droite, laissant clairement la porte ouverte à une collaboration avec Sarkozy si cela s’avère nécessaire pour contrer le Rassemblement national.
Dans la sphère politique nationale, Louis Sarkozy aurait déjà multiplié les rencontres avec des figures de la droite, comme Rachida Dati, Bruno Retailleau, Sébastien Lecornu, Benjamin Haddad et Philippe Tabarot, ainsi que des élus locaux comme David Lisnard (maire de Cannes) et Édouard Philippe. Officiellement, ces responsables saluent sa curiosité et son énergie, mais ces rendez-vous sont aussi interprétés comme une façon de soigner les relations avec la famille Sarkozy, ce qui pourrait lui valoir des soutiens indirects ou tactiques.
Oppositions et critiques :
Sandra Paire, élue LR de Menton et au conseil régional, dénonce un « tourisme électoral » de la part de Louis Sarkozy. Elle critique ses « basses manœuvres politiciennes ». Par deux fois, Louis Sarkozy avait pourtant engagé des discussions avec elle en vue d'un éventuel accord, mais sans succès. Il a également tenté d'établir le contact avec Florent Champion au début du mois de mai, mais les deux jeunes hommes ne sont finalement pas parvenus à se rencontrer…
Des militants antiracistes se sont mobilisés contre la venue de Louis Sarkozy à Menton, exprimant leur hostilité à son installation et à une éventuelle candidature. Lors de sa conférence littéraire, ils ont manifesté avec le slogan « Non, Menton n’est pas une poubelle, retourne à Paris ».
D’autre part certains élus locaux évoquent la méfiance à l’égard d’une candidature extérieure, soulignant que Menton, par sa spécificité géographique et électorale, n’est pas forcément réceptive à un profil venu d’ailleurs, même porteur d’un nom prestigieux.
Le contexte judiciaire local, avec une enquête sur la gestion des ports impliquant l’ancien directeur de campagne et ancien adjoint du maire, ajoute de l’incertitude et pourrait redistribuer les cartes, rendant la place de maire plus accessible à un outsider comme Louis Sarkozy. Une éventuelle nouvelle candidature du maire de 84 ans, arrivé au pouvoir suite au décès de Jean-Claude Guibal en 2021, paraît néanmoins compromise dans un tel contexte, bien qu'il entretienne encore l'incertitude. Dans ces circonstances, les aspirations à sa succession se précisent.
Louis Sarkozy bénéficie de soutiens potentiels dans la droite locale et nationale, mais il fait face à une opposition déterminée de la part de certains élus locaux, de collectifs citoyens et de militants, sur fond de rivalité avec le Rassemblement national et de défiance envers les parachutages politiques…