Revue de presse : Semaine politique en France (2 au 6 juin 2025)
✅ Climat politique général et actualité parlementaire
La semaine politique française a été marquée par une forte tension sociale et institutionnelle, sur fond de défiance durable envers les choix présidentiels et d’une actualité parlementaire dense. Un an après la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, un sondage Ifop pour LCI révèle que 81% des Français estiment que cette décision a fait perdre du temps au pays, 43% ressentant de l’incompréhension et 21% de la colère. Seuls 9% se déclarent satisfaits de cette initiative, qui a laissé la France dans une période d’instabilité politique prolongée, aggravée par la chute du gouvernement Barnier en fin d’année dernière.
Sur le plan parlementaire, la séance du mardi 3 juin à l’Assemblée nationale a été dominée par les questions au gouvernement autour de la sécurité, des violences urbaines après la victoire du PSG, du récent attentat terroriste à Puget-sur-Argens, de la politique à l’égard de l’outre-mer et de la transition écologique. Les députés ont également examiné des textes sur la transformation des bureaux en logements, la lutte contre la violence routière, et la reconnaissance envers les rapatriés d’Indochine.
✅ Tensions sociales et sécuritaires
La semaine a été marquée par deux nuits de violences urbaines à Paris et dans plusieurs grandes villes, suite au sacre du PSG, illustrant l’incapacité des pouvoirs publics à contenir certains débordements et alimentant le débat sur la sécurité. Par ailleurs, l’attentat à Puget-sur-Argens a relancé les discussions sur la lutte contre le terrorisme et la cohésion nationale.
La colère des taxis, opposés à la baisse des tarifs de l’Assurance maladie, a contraint le Premier ministre à reculer, illustrant la difficulté du gouvernement à tenir sa ligne de maîtrise des dépenses de santé face à la pression sociale croissante.
✅ Dynamique politique et luttes d’influence
Sur le plan partisan, la droite et le centre s’activent en vue de la présidentielle 2027. Les ambitions se précisent, tandis qu’un sondage Ipsos-CESI place le Rassemblement national (RN) en tête des intentions de vote pour d’éventuelles législatives (35%), devant le Nouveau Front populaire (21%), le bloc central (18%) et les Républicains (11%). À gauche, le PS tente de survivre à la montée de l’influence mélenchoniste, tandis que la droite lorgne vers Reconquête et les électeurs du RN, sur fond d’incertitudes sur la candidature de Marine Le Pen.
La question d’une nouvelle dissolution reste d’actualité : 41% des Français y sont favorables, mais seuls 30% pensent qu’Emmanuel Macron pourrait la prononcer, ce dernier ayant affirmé n’avoir « jamais envisagé » cette option.
✅ Agenda institutionnel et diplomatie
L’agenda des ministres a été rythmé par plusieurs rendez-vous institutionnels et diplomatiques. Rachida Dati, ministre de la Culture, a notamment lancé une concertation sur l’IA générative, participé à l’accueil officiel du président brésilien Lula, et accompagné Emmanuel Macron lors de la visite de l’exposition d’Ernesto Neto au Grand Palais. Le Conseil des ministres s’est tenu le mercredi 4 juin, suivi de plusieurs cérémonies et signatures d’accords, notamment avec la délégation brésilienne, marquant une semaine diplomatique intense.
La ministre d’État Élisabeth Borne et le ministre Philippe Baptiste ont lancé un nouveau plan national pour l’orientation scolaire, visant à mieux accompagner les élèves dès la 5e dans leur choix d’avenir, avec un parcours d’éducation à l’orientation, un soutien renforcé aux professeurs et une meilleure information pour les parents. La phase principale d’admission Parcoursup a débuté le 2 juin, avec une étape clé du classement des vœux entre le 6 et 10 juin.
✅ Enjeux de société et débats de fond
L’Assemblée nationale a également été le théâtre de débats sur la santé publique (moratoire sur les fermetures de maternités, lutte contre le tabagisme), la politique écologique, et la situation en Nouvelle-Calédonie, où le plan de « refondation » annoncé par le chef de l’État prévoit une enveloppe de 3,2 milliards d’euros pour transformer l’archipel.
Enfin, le débat sur la réforme du mode de scrutin, la reconnaissance du pluralisme, et la question de la fraude électorale ont refait surface, alors que la confiance dans les institutions reste fragile.
Les principaux débats à l'Assemblée nationale durant la semaine du 2 au 6 juin 2025 ont porté sur plusieurs sujets majeurs :
Réforme des retraites : Le 5 juin, l'Assemblée a adopté une proposition de résolution à portée symbolique, portée par le groupe communiste, visant à abroger la réforme des retraites de 2023 qui a instauré l'âge légal à 64 ans. Ce texte a été voté par 198 députés contre 35, marquant une victoire symbolique pour les opposants à cette réforme. Ce vote reflète la persistance d'une forte opposition populaire et politique à la réforme, malgré son adoption par le gouvernement via l'article 49.3. Les débats ont été vifs, avec la gauche, les écologistes, les insoumis et le Rassemblement national se prononçant en faveur de l'abrogation, tandis que la majorité présidentielle a qualifié la proposition de « paresseuse et stérile », défendant la nécessité démographique et financière de la réforme. La ministre déléguée chargée du travail a souligné l'absence d'alternative crédible et a mis en garde contre les conséquences politiques d'un refus du gouvernement de tenir compte de ce vote.
Modification du règlement de l’Assemblée et motion de censure : Le 4 juin, une séance a été consacrée à la modification du règlement de l’Assemblée nationale, notamment concernant la motion de censure au titre de l’article 49, alinéa 2 de la Constitution, ainsi qu’au droit de vote par procuration. Ces discussions s’inscrivent dans un contexte de tensions politiques et de contrôle accru des procédures parlementaires.
Propositions de loi en cours d’examen : Plusieurs propositions de loi étaient en commission ou en préparation pour discussion, notamment une proposition visant à instaurer un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des ultrariches et une autre visant à mieux protéger les écosystèmes marins. Ces textes étaient en phase d’amendements en commission début juin, avec des débats prévus dans les prochaines semaines.
Débat sur le droit à l’aide à mourir (fin de vie) : Bien que l’examen principal ait eu lieu fin mai, les discussions sur ce texte ont continué de faire écho dans l’hémicycle, avec un vote solennel attendu. Ce débat avait été salué pour son respect et sa pondération, malgré la sensibilité du sujet.
La semaine a été dominée par le débat très politique et symbolique sur la réforme des retraites, qui cristallise les oppositions, ainsi que par des discussions sur le fonctionnement parlementaire et des textes législatifs importants en matière fiscale, environnementale et sociétale
✅ Résumé :
La semaine du 2 au 6 juin 2025 a été marquée par une défiance persistante envers l’exécutif, des tensions sociales et sécuritaires, des luttes d’influence en vue de 2027, et une actualité parlementaire et diplomatique soutenue. Le climat politique reste incertain, avec une opinion publique majoritairement critique quant à la gestion de la crise institutionnelle ouverte un an plus tôt.